Industrie : Rostan, capable de tout faire
20 février 2021
« Si tu ne sais pas faire la pièce, tu l’envoies chez Rostan ». La boutade, entendue dans l’univers
industriel, est-elle fondée ? On a vérifié.
Lorsque les sieurs Rosseti et Tanner s’associèrent pour créer Rostan à Breuvannes (52), voilà un
demi-siècle, ils ne se doutaient sans doute pas de l’évolution que connaîtrait leur société, filiale
d’une société suisse de machine-outil. Durant 30 ans, c’est ce que demeura Rostan : ne produisant
quasiment que des pièces de précision pour sa société mère. Mais le secteur de la machine-outil suisse a
connu des vicissitudes. Il a fallu se diversifier. Rostan devint aussi usineur de pièces pour
l’aéronautique ; les Forges de Bologne figuraient en bonne place parmi ses clients.
Voilà deux ans, les actionnaires suisses décident de se séparer de la filiale française. David Biguet,
bien connu en Haute-Marne dans le monde du médical et ex-président de Nogentech, est séduit. Il se lance
dans l’aventure de la reprise. Patatrac ! À peine prend-il ses marques que les effets secondaires de la
crise sanitaire font plonger l’activité industrielle. Lorsque David Biguet s’installe aux commandes,
l’aéronautique représente 60 % du chiffre d’affaires. Or on sait ce qu’il advint de l’aéronautique…
Ces derniers temps, avec des finances mises à mal par la baisse de l’activité, les entreprises se sont
adaptées à la nouvelle donne. Par exemple, lorsqu’une machine tombe en panne, elles ne changent plus la
machine ou l’outil : elles font réparer la pièce défectueuse. Et qui est connu en Haute-Marne pour
réparer, surtout lorsque le défi technique s’avère impossible ? Rostan bien sûr ! Surtout pour de la
pièce unitaire, si possible complexe, pour laquelle il n’existe plus de plan. Rostan va chercher la
pièce, la mesure dans toutes ses dimensions, retrace un plan et répare et/ou refait du neuf à
l’identique. Actuellement, l’aéronautique ne représente plus “que” 25 % du chiffre, mais les forgerons
de l’automobile ont besoin d’outillage. Et il se trouve que partout dans le monde, pour éponger les
pertes de 2020, les industriels réalisent des investissements de productivité. Ils commandent leurs
machines-outils en Suisse ; l’ex-maison mère sait pertinemment où elle peut se procurer des pièces de
qualité… moins chères qu’en Allemagne : chez Rostan en Haute-Marne. Bref, ça repart. Le carnet de
commandes offre une visibilité de deux mois et demi. La machine-outil représente désormais 30 % du
chiffre, l’automobile 20 %, l’agroalimentaire 10 %, le nucléaire 8 %, etc. Le portefeuille s’avère bien
plus varié et équilibré que jadis.
La majorité de l’activité est réalisée avec des clients situés dans un rayon d’une heure autour de
Breuvannes (beaucoup dans les Vosges). 30 % se fait à l’export (Suisse). Réconforté par cette reprise,
David Biguet a racheté des “morceaux” d’entreprises très complémentaires de ce que pouvait et savait
faire Rostan : l’activité sciage pour l’aéronautique de Poli 2000 (Val de Meuse) ou encore l’activité
usinage et découpe au fil par électroérosion de ABM Pro (Clefmont). Cela fait trois sociétés en une,
avec la polyvalence que cela implique.
Aujourd’hui, David Biguet explique que Rostan « est capable de tout faire, de la pièce de 2 grammes à
celle de 10 tonnes, de celle de 2 mm à celle de 4,5 m ». Tout est intégré au sein du site de Breuvannes.
« Dès que la pièce est compliquée, c’est pour nous ».
Le fonctionnement s’avère atypique. Davantage encore qu’ouvrier, chaque opérateur est technicien et
autonome. Lorsqu’il prend un plan, il sait qu’il réalisera la pièce jusqu’au bout.
Rostan compte aujourd’hui 21 salariés ; Rostan embauche, notamment des tourneurs. L’entreprise compte
notamment en son sein 12 techniciens autonomes, deux préparateurs eux méthodes et deux étudiants sous
contrat d’apprentissage.
De quoi ne pas insulter l’avenir…
Accèder a l'article parut dans le journal de la Haute-Marne en suivant ce lien :
Article du JHM.